Il représente l’opposition des contraires et en même temps leur complémentarité. L’un nait de l’autre et se fond dans l’autre, et dans chacun existe la source de l’autre (point noir dans la partie blanche et point blanc dans la partie noire).
- Le yin (noir) représente le mou, la nuit, la lune, le féminin, le vide, le fragile, la reception, l’eau, etc…
- Le yang (blanc) représente, le dur, le jour, le soleil, le masculin, le plein, le solide, l’expansion, le feu, etc…
On dit qu’il est à l’origine de tout et de toute création et principe qui existe dans l’univers.
On l’appelle taiji (taichi avec la prononciation occidentale), qui est reprit dans plusieurs arts martiaux, dont le taiji quan (taichi tchuan), ou le bagua zhang
Taiji et les principes de création
Taiji en chinois est représenté par les deux caractères tai (太) et ji (极).
- tai (太) veut dire: trop, au delà de la limite
- ji (极) veut dire: pôle, extrêmité
Taiji pourrait donc se traduire littérallement par: ce qui est au-delà des extrêmités.
Dans la philosophie taoïste du yi king (qu’on traduit en général par « le livre des changements ») le principe yang est représenté par un trait plein et le yin par un trait pointillé.
- La combinaison du yin et du yang donne 4 principes de base (« tai » veut dire « trop »; « shao » veut dire « peu »),
- La combinaison de ces 4 principes avec un yin ou un yang en plus, donne 8 symboles qu’on appelle les 8 trigrammes, qui représentent les 8 principes fondateurs de la création.
On retrouve souvent les 8 trigrammes autour du symbole yin/yang, qui est la représentation du bagua (« ba » en chinois veut dire 8)
- Ensuite, si on recombine chacun de ces 8 trigrammes entre eux, on obtient les 64 hexagrammes qui sont une représentation des 64 principes du yi king régissant toute vie et toute création dans l’univers.
D’après cette approche, les interactions du yin et du yang sont donc bien à la base de tout.
L’univers est régit par ça.
Maintenant on peut quand même se poser une question, toute légitime: ce yin et ce yang, d’où viennent-il?
L’essence
Il se trouve qu’en fait, ces deux principes sont tirés de quelque part. Et ce quelque part, dans la théorie taoïste, s’appelle « wu » (prononcer: wou).
Le « wu » est un terme qui est assez difficile à traduire avec des mots car il représente un principe qui est au delà de la dualité, donc au delà de nos perceptions et donc simplement de notre conception du monde.
En chinois wu (無 ou 无) est utilisé dans les conversations courantes par: ne pas avoir, ne pas être.
On pourrait le traduire par quelque chose comme « le niveau originel de tout ». On le traduit souvent par le « non-être ». C’est un niveau où tout existe dans tout, mais sans réellement exister non plus. Les opposés sont unis et en même temps, n’existent pas.
Le mouvement est dans l’immobilité et l’immobilité est dans le mouvement, et en même temps, il n’y a ni l’un ni l’autre. Les deux sont unis mais sans qu’il n’y en ait réellement. Et c’est pareil pour tout les opposés: dur/mou, plein/vide, relâché/tendu, rapide/lent, etc…
Il est pour nous souvent difficile de se faire une image précise de ce que c’est, car ça sort complètement de notre façon de voir les choses. C’est la raison pour laquelle en général, on va utiliser des images de comparaison (c’est comme… ça ressemble à …), des symboles, des paraboles, pour nous permettre de s’approcher au plus près de ce concept.
Quel rapport avec les arts-martiaux
Beaucoup d’arts martiaux internes vont apprendre à « jouer » avec ces opposés (yin/yang).
Par exemple, en taiji on dit que: à du plein, il faut opposer du vide, et à du vide, opposer du plein. Le bagua, est aussi une « matérialisation physique » de ces principes de combinaison des opposés.
Le yiquan, lui, va aller un cran derrière. Il va chercher à atteindre cet état de wu, ou plutôt même de wu wei.
- wu (無 ou 无): ne pas être/avoir;
- wei (爲 ou 为): être/y avoir.
Wuwei est donc un état d’être et ne pas être en même temps, d’avoir et ne pas avoir en même temps.
Les postures, par exemple, vont aider à ressentir ces forces contraires ensemble (ex: pousser et tirer en même temps). En final le but est de les ressentir dans toutes les directions en même temps, et sans pour autant vraiment les ressentir.
Dans les postures on va chercher ce mouvement dans l’immobilité, et on va chercher à être immobile dans le mouvement. La tension est dans le relaxation, et le relâchement dans la tension.
Pour y arriver le travail se fait petit à petit avec des explications concrètes qui vont doucement guider à obtenir ce ressenti.
Ensuite ce ressenti va être travaillé sur des mouvements plus amples et de plus en plus rapide, pour finalement être applicable dans les déplacements de tous les jours, ou les combats, pour la version martiale.
Retrouver l’essence, va donc consister à retrouver cet état où les opposés se confondent et n’existent plus, mais tout en existant sans être pour autant séparés et opposés.
Au delà de l’aspect philosophie et théorique, c’est un état qui, en plus de réguler de nombreux aspects au niveau de la santé, permet d’obtenir une plus grande stabilité tout en étant beaucoup plus rapide, et de développer une force plus importante en se fatiguant peu, tout en étant très explosif.
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Merci pour ton article Philippe. Si la pratique du Yi Quan permet, par le travail sur le » agir-non agir » et la vacuité de conscience, d’améliorer ma capacité à « me recevoir recevant le monde » et ainsi « Retrouver l’essence » c’est à dire notre quintessence, notre principe vital, notre toile de fond,le Jing, alors je pense qu’il est grand temps que tu trouves une salle pour transmettre l’enseignement! J’espère alors pouvoir faire partie de tes élèves! Bravo et bon courage. Ne désespère pas, une porte s’ouvrira bien un jour!
Merci pour le commentaire 🙂
Je pense aussi qu’il est temps de trouver une salle fixe.
Vous serez évidemment le bienvenu aussi 🙂
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