L’art des contradictions 1

Le yiquan peut être perçu et pratiqué à plusieurs niveaux.

Dans cet article, je vais parler du yiquan car c’est une pratique que je connais assez bien. Ceci étant, je n’ai pas la prétention de dire que c’est la seule approche qui permet ça, c’est juste que, ne connaissant pas suffisamment les autres, je préfère ne pas en parler.

Ce que j’ai découvert avec le temps et la pratique c’est que cette discipline est quelque chose qui amène à une sorte de reconstruction mentale et physique, un peu comme si on réapprenait à se servir de nous-même.

Au fur et à mesure qu’on avance dans la pratique, celle-ci nous permet d’apprendre à utiliser différemment notre corps, nos ressentis et notre intention.

Les techniques ? Il y en a quelques-unes, elles sont assez simples, assez faciles à mémoriser et on a assez vite fait le tour.

Ce qui va faire la différence ne sont pas tant les techniques en elles-mêmes mais comment on va les intégrer, les ressentir et les utiliser.

D’ailleurs, même les techniques, de mon point de vue, ne sont qu’un prétexte, qu’une manière d’appliquer, de « manifester » le fond de ce que le yiquan nous permet de découvrir.

Et en fait, plus je pratique, plus je me rends compte que je n’en connais pas tant que ça et que le travail est encore long avant de tout intégrer.

Alors qu’est-ce que c’est ?

Sur le papier, c’est assez simple, on pourrait l’appeler « force multidirectionnelle », une traduction possible de « Hunyuan li (浑圆力) » en chinois.

A quoi ça correspond ? Là est toute la complexité à expliquer, car si on peut le dire simplement comme étant le ressenti d’une force dans toutes les directions en même temps, ce que ça implique derrière est un peu plus complexe à appréhender, déjà intellectuellement, mais surtout à incarner dans sa pratique.

En plus, cette force, cette présence n’est pas seulement physique, elle est aussi mentale et sensitive.

Et pour faciliter les choses, comme le disait YAO Chengguang : « hunyuan li » est quelque chose que l’on ressent mais sans chercher à le ressentir. On le ressent sans le ressentir… L’art des contradictions.

Physiquement, c’est un peu comme un état où, dans chaque mouvement que l’on fait avec n’importe quelle partie du corps, on ressent une « résistance » – mais pas une résistance qui nous ralenti, juste une sensation de résistance, de présence – dans toutes les directions en même temps et partout dans le corps.

Par exemple, quand la main va vers l’avant, c’est un peu comme si on ressent la pression de l’air qui résiste sur la main quand elle avance, mais en même temps on ressent une pression de l’air qui nous retient vers l’arrière (même si la main avance), qui nous pousse ou nous tire vers la droite, la gauche, le haut et le bas simultanément. Et en même temps, ressentir que quand la main avance, ce n’est pas juste la main, c’est aussi ressentir que cette main est connectée à tout le corps et que le mouvement vient de tout le corps en même temps, comme si le corps n’était « qu’un seul muscle »… mais sans pour autant chercher explicitement à le ressentir.

Comme je le disais plus haut, ce ressenti est celui d’une tension, mais en même temps d’une décontraction : une tension détendue ou une détente tonique, physique, mais aussi mentale. La tension mentale se doit aussi d’être en même temps « concentrée » et en même temps comme si on ne « pensait à rien ».

L’art des contradictions…

Suite dans le prochain article.

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